En défense d’Eva Joly : leur 14-Juillet et le nôtre

Si notre vie publique continue de dévaler la pente à ce rythme, coincée entre une droite égarée qui assume sa xénophobie et une gauche frileuse qui oublie sa propre histoire, il deviendra subversif de chanter Georges Brassens.
De Brassens à Waro, en passant par Ibáñez, nous dédions ces manifestes chantés à Eva Joly qui, cette semaine, a bien mérité de la République française, en a défendu l’honneur et la grandeur. Un 14-Juillet qui proclamerait à la face du monde cette République française qui ne fait pas de différence entre ses citoyens d’où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, assurant l’égalité devant la loi de tous « sans distinction d’origine, de race ou de religion », comme le précise le préambule de notre Constitution. Une fête qui défendrait cette République que trahissent les délinquants constitutionnels de l’actuel gouvernement dont le seul projet d’avenir est la chasse à l’étranger, non seulement de l’étranger qui menace d’arriver mais, désormais, de l’étranger parmi nous, du Français « d’origine étrangère » désormais officiellement stigmatisé, du Français « binational » dorénavant montré d’un doigt d’infamie, du Français douteux voué aux gémonies de l’anti-France.
Les détracteurs d’Eva Joly ne savent tout simplement plus aimer la France. Telle qu’elle est. Telle qu’elle vit.
Edwy Plenel Mediapart 17/07/11