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77000 tonnes de fuel en mer dans l’indifférence générale

dimanche 17 novembre 2002

Le 12 novembre au soir, le Prestige, un pétrolier de 26 ans à coque unique, a signalé une voie d’eau et la perte de pétrole, à 50 kms de la Galice espagnole. Le bâtiment menaçant de sombrer, les autorités espagnoles ont décidé, dès le lendemain, de l’éloigner des côtes, afin de préserver celles-ci d’une éventuelle marée noire causée par les 77000 tonnes de fuel contenues dans ses cuves.

Actuellement, le pétrolier se situe à une centaine de kilomètres des côtes, avec une coque endommagée sur environ 40 mètres. Issue du pétrolier en perdition, une nappe de 1500 tonnes dérive a commencé à souiller la côte espagnole.

Cette nouvelle défaillance d’un pétrolier, apparemment due à son usure générale, dans les eaux européennes, survient près de 3 ans après la catastrophe de l’Erika et risque de relancer le débat sur la sécurité maritime en générale et les pétroliers en particuliers.

Si la volonté de préserver les côtes est incontestable, les autorités espagnoles ne semblent pas réellement se préoccuper du devenir de la cargaison qui risquent de se répandre en mer, dotant que le navire se trouve à la verticale d’une zone où la profondeur atteint 4000 mètres. La région est pourtant particulièrement riche en espèces marines et constitue une étape importante pour certains oiseaux migrateurs.

Visuellement, du bord de mer, l’impact de 77000 tonnes de pétrole se répandant progressivement au large, peut passé inaperçu avec la complicité des vents, mais l’impact sur la faune et la flore locale risque d’être très important. En outre, le WWF rappelle que près de 60% de la population du littoral a une activité lié à l’océan, notamment avec la pêche.

Par ailleurs, la nature du fuel est similaire à celle de l’Erika, un pétrolier qui a sombré au large des côtes françaises fin 1999, avec du fuel n°2, dernier produit obtenu dans la chaîne du raffinage, lourd et visqueux. L’Erika à l’époque avait, avec 7 fois moins de pétrole, causé la mort de dizaines de milliers d’oiseaux et de nombres d’animaux et végétaux marins.
Durant une marée noire, l’impact est directement visible et médiatisé lors du contact des organismes vivants avec la nappe (oiseaux, crustacés...) et totalement invisible, et passé sous silence, pour la faune et la flore qui disparaissent faute d’oxygénation de l’eau et du fuel qui se dépose et contamine le fond de la mer.

 Copyright Univers Nature 16-11-02