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Elevage de cabillauds : communiqué de l’Association Rade Environnement

lundi 17 avril 2006, par Admin

« Du 16 au 30 mars, 18 communes du littoral morbihannais et finistérien sont appelées à donner leur avis sur un projet de ferme aquacole qui pourrait s’ installer au sud de l’île
de Groix, entre les Birvideaux et la Pointe des Chats. »
Yves Guégan. LE TELEGRAMME 24/03/2006

Copie du courrier de Mr José TONNERRE, adressé à Monsieur Le Maire de la ville de Lorient, après consultation du dossier d’enquête publique.

Lorient, le 30 mars 2006
Objet : Avis d’enquête publique N° 01/LO/06 sur le projet d’élevage de cabillauds en cage en eau profonde.

Monsieur le Maire,

J’ai l’honneur de vous faire parvenir mes observations sur le projet d’autorisation d’exploitation de cultures marines dont vous avez affiché l’avis d’enquête du 1er au 30 mars 2006. Ce projet consiste en un élevage de cabillauds en cage en eau profonde au sud de l’île de Groix sur un fond de 55 mètres environ.

Il vous appartient de transmettre mes observations aux Affaires Maritimes, éventuellement avec l’avis du Conseil Municipal de Lorient.

Impact sur la qualité de l’eau.

1- La garantie des eaux sauvages.
Les mesures de la qualité de l’eau tout au long de l’année sur cette zone littorale sont-elles suffisantes pour l’installation d’un tel élevage ? Les interdictions de
prélèvements de coquillages par pêche à pied sont relativement fréquentes par une température d’eau trop
élevée propice au développement de contamination humaine. L’eau de la rade de Lorient ne semble pas d’une qualité parfaite par les implantations urbaines et industrielles : la proximité d’un appontement pétrolier, le clapage de 850 000 mètres cubes de boues pour l’extension du port sont-ils compatibles avec un élevage de cabillauds prétendant au label
« élevés en eaux sauvages » ? Le projet d’extraction de sables marins devant Gâvres est-il compatible avec la
culture marine animale en voisinage immédiat ?

2- L’effet de cet élevage sur le site de la rade.
Les déjections produites par l’élevage supposées sédimentées sur le site changeront la nature du milieu marin. Les algues vertes sur le littoral et notamment sur les
plages de sable : Toulhars, Larmor-Plage, Gâvres ne risquent-elles pas de se développer lors de l’exploitation
de l’ensemble du site ? Outre ces risques, les effets sur la faune marine locale ne sont pas envisagés : les coquilles Saint-Jacques de la zone Groix-Belle-Île sont réputées pour leur qualité. Le projet « Grand Site » mené par le Ministère de l’Environnement sera-t-il mis en difficulté sur la zone Gâvres-Plouhinec-Etel-Quiberon par une dégradation du milieu marin ?

La qualité du cabillaud produit.

L’exigence du consommateur de produits de qualité n’est plus à démontrer aujourd’hui. A ce titre, l’exemplarité de filières animales en difficultés en raison de mauvaises conditions d’élevage ou d’alimentation de mauvaise qualité (tourteaux de soja pour la filière avicole, ou maïs transgénique d’importation par exemple) conduit à retenir une
alimentation la plus naturelle possible pour le grossissement des cabillauds. Le lien avec l’économie locale voire
régionale de production alimentaire est-il valorisé ?

Les incertitudes trop nombreuses du dossier présenté :
1- La dimension optimale de l’exploitation n’est pas mentionnée : sur les 1000 km2 de la zone Glénans/Groix/Belle-Île, une affectation de 20% de la surface
utilisable conduit à une production de 20 000 tonnes par an.
Quelle sera la taille maximale autorisée pour
cette culture et les remises en état du milieu naturel ?

2- L’impact propre d’une seule ferme est probablement très faible. est-il indiqué en page 3 du dossier présenté sur l’impact d’environnement. En termes d’exigence de
qualité de l’environnement, le terme vague de probablement n’est pas acceptable, il doit être estimé avec toute la précision possible compte tenue de la dimension du
projet global.

3- Le dossier indique également dans le même paragraphe que « les 100 tonnes d’aliment distribuées chaque années par une ferme, supposés sédimentés sur la surface mobilisée. ». Dans un tel projet, cette supposition n’est pas de mise, le
dossier doit comporter ce qu’il advient des sédiments dans la réalité. Il est simplement signalé qu’une étude significative est à faire. C’est insuffisant. D’autant plus qu’il semble que des projets similaires sont engagés en Norvège et au Royaume Uni.

4- L’impact économique réel est présenté comme concernant toute une filière et dépendant de l’organisation générale retenue pour permettre les regroupements de fermes dans des zones compatibles avec les autres activités maritimes. Or
cet impact sur la filière n’est pas développé et aucune modalité d’organisation générale n’est émise.

En conclusion, ce dossier soumit à enquête publique n’est pas complet et sur des points importants n’est pas développé et présenté avec des éléments fiables qui garantissent à la fois
la qualité environnementale et la qualité du produit distribué sur le marché de l’alimentation humaine.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

José Tonnerre Vice-président de « Rade Environnement »

Pétition en ligne depuis le 23 mars :
 http://ile-de-groix.info/article.php3?id_article=7368
522 signatures à ce jour.


(source image : http://www.veganimal.info/article.php3?id_article=18 )