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Des pêcheurs s’engagent pour la sécurité en mer

mardi 13 août 2002

PLOUESCAT (Finistère), 12 août (AFP)
Pour contrer la fatalité des accidents de mer dans un métier à hauts risques, 22 marins-pêcheurs finistériens se sont engagés par une charte à porter sur leurs bateaux des vêtements de survie qui gonflent automatiquement au contact de l’eau.

"Je m’engage à porter un vêtement de travail à flottabilité intégrée ou une brassière auto-gonflable, en permanence, à bord du navire de pêche dès l’appareillage et à faire porter ce vêtement à tout membre de l’équipage". Au bas de la charte, 22 signatures correspondent à 15 bâteaux de Plouescat et Cleder, petits bourgs du nord-Finistère.

"Les pêcheurs vont sur l’eau pour gagner leur vie, pas pour la perdre", "ça n’arrive pas qu’aux autres, tout ce qui peut sauver des vies est bon à prendre", "le risque de chute par dessus-bord est permanent, il faut faire passer un message fort" : les initiateurs de cette charte ne sont pas peu fiers d’être des "pionniers" dans ce domaine.

Très touchés par le naufrage en octobre 2000 du "Nautica", qui avait coûté la vie à deux marins du coin, âgés de 31 et 27 ans et passés par dessus bord, les acteurs de la vie maritime ont ressenti l’urgence d’agir efficacement en prévenant les accidents autant que des moyens humains le permettent.

En février, l’opération "Survie 29 nord", vaste série de démonstrations de sauvetage, organisée notamment à l’initiative des femmes de pêcheurs, de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) et les Affaires maritimes, avait été applaudie.

Tous y ont vu l’occasion de prolonger la prise de conscience des pêcheurs, souvent enclins à considérer la mer comme maîtresse de leur destin, heureux ou malheureux.

Si les vêtements à flottabilité intégrée ne sont pas une innovation complète, ils sont aujourd’hui mieux adaptés aux divers métiers qu’exercent les pêcheurs, les mouvements n’étant pas les mêmes sur un chalutier, un dragueur ou un caseyeur et la météo différente selon les saisons.

L’apparition de bretelles marque donc un réel progrès. "J’ai lancé le produit dans le quartier maritime de Morlaix avec une forte participation de la caisse des péris en mer pour que le pêcheur ne paye que 11 euros de sa poche", raconte Alain Postic, président de la caisse locale des péris en mer.

"Ca fait une quinzaine d’années qu’on promeut l’achat de ces vêtements, presque tous les marins l’ont à bord mais personne ne les porte, c’est une question d’habitude", déplore Joël Le Gall, du comité local des pêches du Finistère-nord.

"Il est inadmissible d’avancer la fatalité lors des drames en mer", estime Michel Morvan, président de la SNSM de Roscoff, qui a largement oeuvré à l’élaboration de la charte.

"La sécurité n’était pas dans la culture des pêcheurs, maintenant, on peut dire qu’il y a un changement de mentalité et une évolution dans l’attitude", poursuit-il, tout en concédant que ce sont surtout les femmes des marin-pêcheurs qui ont réclamé d’en arriver à un engagement signé.

Tous espèrent que cette initiative locale encouragera d’autres quartiers maritimes mais aussi, pourquoi pas, la navigation de plaisance à s’équiper. "Si ça ne doit en sauver qu’un seul, ça vaut le coup", conclut M. Morvan.