"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Un écomusée moribond.

Publié le 30 juillet 2018 à 18:21

L’écomusée se réveille ? Non, l’écomusée est moribond et il entraîne
tout notre passé dans sa chute.

La semaine dernière, je faisais partie des chanceux visitant l’écomusée
avec José Calloch qui commentait en breton de Groix. Quand une occasion
comme celle-ci se profile, on laisse tout tomber (le menhir à aller
livrer, le gui à cueillir avec une serpe d’or, la potion magique à
préparer, etc...) et on y va !

A l’entrée, une fois passé le grand sourire de Nattia, on sent déjà le
musée vieillissant et l’enthousiasme retombe un peu : étiquettes jaunies,
cartes explicatives défraîchies... Même le panneau interdisant de
prendre des photos doit dater de l’ouverture du musée. Et puis, il fait
très chaud dans cette bâtisse et la semi-pénombre qui y règne n’incite
pas vraiment à l’éveil et à la curiosité. Quasiment une ampoule sur
deux ne fonctionne plus et certaines vitrines ne sont même plus
éclairées (il m’a semblé deviner des boîtes de rôles mais je n’en suis
pas sûre).

A l’étage, là où se trouvent les costumes, je suis surprise de voir sur
un mannequin une coiffe posée "mode Lorient" et, me semble-t-il, à
l’envers, alors que le tablier porté avec est assez court avec l’encolure
du "digoter" (ou devantier ou piécette) échancrée ( ce qui aurait
justifié une coiffe "hell"). Sur le sol de la vitrine trainent des
plaquettes de carton avec du scotch. Probablement des restes de tablettes
explicatives d’un costume précédent oubliées là...

Quant au breton de Groix, il en est juste question sur un petit panneau
avec un graphique indiquant sa diminution.

Tout ceci est navrant de négligence et de décrépitude. Ce n’est plus un
écomusée mais le cimetière de notre
culture................................................ Elizabeth Mahé

Commentaires :

  • Il serait plus juste de dire simplement Musée, le terme "Eco" ayant disparu du fronton depuis quelques années dans une totale indifférence.

    En conseil municipal, on apprend que le déficit de cet équipement municipal est d’environ 140 000 € annuellement, soit quatorze années de subvention au Fifig !

    François Baron

  • LES HABITS DE PAYSANNES (1ère partie)

    Non loin des quais de Port Tudy sommeille une étrange bâtisse, tapie comme un gros chat sur le bord de la route. Silencieuse et morne durant la journée, elle bruisse de mille murmures une fois la nuit venue. Elle conserve jalousement au coeur de ses réserves poussiéreuses tous les trésors de la culture groisillonne.

    Mais depuis plusieurs semaines, la vieille bâtisse bourdonne comme une ruche. Les chuchotements se propagent de vitrines en vitrines :

     "T’as pas su ?"

     "Dame non, j’ai pas rien su..."

    La rumeur enfle et gagne les réserves. Dans les boÎtes de rangements, un friselis parcourt les longues feuilles de papier de soie. Les camisoles de satin garnies de velours bordé de "drein pesk" palpitent dans leur logement. Les jupes à balayeuses ne tiennent plus en place, impatientes comme des enfants.

     "Les tabliers sont déjà sortis. Ce sera notre tour bientôt !"

    Sur les mannequins, lesdits tabliers se défroissent et s’épanouissent doucement, belles fleurs aux couleurs chatoyantes. Les manchettes de tulle brodé trépignent dans leurs boites tandis que les légères coiffes blanches, empesées d’un glacis d’amidon et de borate, attendent sagement de prendre leur envol.

    Un délicat tablier, orné de chrysanthèmes de velours grenat et safran, se lamente :"reverrai-je ma famille ? Cela fait si longtemps, peut-être m’ont-ils oublié ?"

    Un tablier de petit dimanche, modeste et chic cependant, se veut rassurant : "nos cousins viendrons nous voir bien sûr ! Depuis plus de vingt ans que nous sommes enfermés, le temps a dû leur paraitre long à eux aussi !"

    Un joli tablier de panne de velours bleu ciel ornée de roses jaunes discute à mi-voix avec un cousin commerçant , à petits carreaux crème et bleu :" j’attends ce moment depuis si longtemps !"

     "Et moi donc..." soupire le cousin

    Un mannequin en habits de travail contemple avec ravissement les sabots-claques déposés à ses pieds : " j’avais les mêmes à la maison... Avec des chaussons de feutre noir !"

    Un peu à l’écart sommeille la doyenne de la future exposition. C’est une jupe ancienne de 1850, cent fois rapiécée, mille fois raccommodée. Taillée dans une étoffe sergée d’un beau bleu assez vif, elle est presque entièrement couverte de "pessells". Elle date de l’époque où les groisillonnes portaient jupe bleue et camisole rouge (et l’inverse tout aussi bien). A elle seule, elle raconte toute la misère et le courage des femmes de Groix. Elle est fatiguée, usée. Elle se repose. Ses descendants viendront, elle en est sûre. Ils habitent Locmaria, ce n’est pas si loin.

    Il était temps de rendre hommage à ceux qu’on appelait "les habits de paysanne" (qu’ils soient faits de soie, de velours ou de coton) par opposition à la "mode de ville" où les femmes portaient chapeaux et parfois même s’en allaient "en cheveux". Ce sera du 15 juin au 30 septembre à l’écomusée.

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