Luttes en ut
« les Aventures extraordinaires d’un billet de banque », Bernard Lavilliers pèze les maux
.../... « Je suis le pouvoir d’achat /Je suis celui qui décomplexe /Je suis le dernier réflexe /Qu’on n’est pas près d’oublier. » Chaque mot compte dans ces trois minutes et quelques qui, sans surjouer la colère mais avec une pointe de sarcasme, nous posent une existentielle question : à quoi nous mène cette histoire d’argent, si ce n’est dans de sales draps ? « Essayez de me supprimer /Dans un coin sur la planète /Y en a qui f’raient une drôle de tête /Y en a même qui en sont morts /Allende dans le décor. » Un demi-siècle après sa première publication, cette chanson – sans aucun doute celle qu’on gardera de Bernard Lavilliers – n’a pas perdu une once de sa perspicacité : souhaiter l’éradication de ce système fondé sur la prédation et ce en visant sa valeur cardinale, l’argent, que d’autres désignent comme capital.
Jacques Denis Libération 22/05/24