M’AVEZ VOUS VUE SUR L’ILE DE GROIX ?

Madame Eva Joly a jugé indispensable d’informer les lecteurs de Ouest France du 1er Aout 2004 de sa décision "de poser ses valises sur l’ile de Groix". Sur une pleine page, dont sa photo sous un angle avantageux occupe un bon tiers, et avec dans le texte une cinquantaine de tournures à la premiere personne(moi, je, me, ma, mes...).

Voilà donc notre île, lieu de résidence principale ou refuge de vacances, sauvée de l’anonymat et de la banalité, en passe de rejoindre Bréhat ou Ré. Groix tient beaucoup de son charme d’être une adresse familiale ou confidentielle, sans exhibitionnisme, habitée et fréquentée par des gens qui savent se tenir.

Madame Joly n’évolue pas dans le meme registre : "toujours entre deux avions, elle tient sa nomination du Premier ministre norvégien lui même... elle prépare un nouveau livre". Et si elle a choisi d’honorer Groix de sa présence, "elle aurait pu acheter un GRAND appartement a Paris". Il est vrai que l’étalage de ses démélés familiaux et de ses difficultés professionnelless lui aurait déja rapporté quelques 400000 euros de droits d’auteur. Et d’ajouter, afin que nul n’en ignore dans le petit microcosme médiatique qui entretient son fonds de commerce, "qu’elle a la main verte, plante, construit, retape, qu’elle va acheter un bateau pour la pêche...".

Madame Joly est une femme d’action : elle a acquis sa maison au terme d’une seule journée où elle en a visité 18 !! Un délai de réflexion l’aurait peut-etre aidée à trouver un endroit mieux situé, sans qu’elle ait besoin de jardiner devant sa porte pour régler a sa manière la circulation.

Sociologue autant que jardinière, en quelques formules définitives elle a tout compris de Groix et des Groisillons. Angélisme, clichés naïfs qui montrent une ignorance totale de la vie sur l’île, c’est Bécassine chez les îliens ! Combien d’ailleurs en a-t-elle réellement rencontrés pendant ses quelques semaines de présence effective sur l’île ? Pour ceux qui mettent la main à la terre de son jardin ou aux travaux de sa maison, elle n’a pas un mot...

L’attirance de Madame Joly pour micros, caméras et titres à la une n’est pas nouvelle. Elle a besoin d’être reconnue, de continuer à occuper le devant de la scène. Jean Cocteau en a bien dit la difficulté : "ce qui est important, c’est de survivre à sa mode"...D’où l’utilisation de notre île comme prétexte dans un publi-reportage à l’intention de bobos en 4x4 ou de gogos de la télé réalité, où le prétentieux le dispute au ridicule. Qu’elle laisse donc Groix à son authenticité et à sa discrétion...Si certains ont cru accueillir une Jeanne d’Arc de l’anticorruption, ils découvrent une Danièle Gilbert à la poursuite de sa propre publicité. Madame Joly confie à ses lecteurs son goût des bains de mer : il faut souhaiter que la fraîcheur de l’eau réduise son ego à des dimensions plus modestes et plus décentes.