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Les collégiens du grand large

lundi 11 juin 2007, par Admin

C’est un établissement éparpillé sur six îles de Bretagne, six "cailloux" plus ou moins gros, battus par les vents et dont la populaition diminue au fil des ans. Les professeurs sont itinérants, et les 96 élèves, victimes de l’isolement. Certains cours ont lieu par téléconférence. Comment être jeune îlien à l’heure de la mondialisation ?

Un drôle d’établissement dispersé sur six "cailloux" plus ou moins gros, battus par les vents de la Manche, de la mer d’Iroise et de l’Atlantique : Batz, Ouessant, Molène, Sein, Groix et Houat.
En vingt ans, les îles du Ponant ont déjà perdu entre le tiers et la moitié de leur population. Une île sans enfant est une île qui meurt. .../...

Ile de Batz, 17 h 20. Les cours se terminent. Ce sont des rois ici, explique Roland Coum, professeur de technologie et de maths à Batz et à Sein. Ils sont à la fois libres de tout faire et hyperprotégés. En classe, ce sont des élèves très calmes, adorables. Mais ils manquent d’ouverture vers l’extérieur, de culture générale. Quand on va en ville sur le continent, certains sont collés à nos basques, ils ne sont pas habitués à la circulation."

Comme les continentaux vont en classe de mer, les îliens vont en "classe de ville". Chaque trimestre, le collège organise des sorties. Prendre l’autobus et lire un plan, dormir une nuit dans un internat, aller au théâtre, à la piscine... "Il faut les préparer à la vie sur le continent, explique Gérard Gabriel, principal du collège, dont le bureau est basé à Brest. Ces enfants sont aussi exclus que ceux des banlieues. Le collège essaye de leur proposer l’ouverture qu’ils n’ont pas sur leur île. C’est une des raisons de la mise en place de la visioconférence."

Imaginé il y a quelques années et mis en place pour la rentrée 2007, ce système pourrait bien être aussi la planche de salut du collège du Ponant. Celui-ci voit ses effectifs fondre année après année, et le cas de Matthieu, à Molène, va se répéter ailleurs. Les enseignants itinérants, eux, doivent jongler avec les horaires de bateaux et un calendrier qui tient du casse-tête. Sur fond de déclin démographique, ces singularités sont plus difficiles à justifier. A tel point que la pérennité de l’établissement trentenaire a semblé, un temps, remise en question..../...

Inès Orlach, 13 ans n’est pas encore trop impatiente de quitter son île sentinelle à douze milles de la pointe de la Bretagne. Mais quand on demande à la jeune fille si elle reviendra s’installer ici après ses études, c’est le cri du coeur : "Non, c’est une île de vieux !"

Le maire d’Ouessant, professeur d’histoire-géo trois jours par semaine dans un collège de Plouzané "Il y a encore peut-être des nostalgiques de cette forte identité d’îliens ancrés sur leurs cailloux, mais les adolescents veulent partir et les gens sont de plus en plus mobiles. Il va falloir s’adapter." Et trouver une nouvelle identité pour sauver les îles.

Garance LE CAISNE
 http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200...

Photo Dominique Leroux/JDD

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