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Calepin de Fanch

mardi 28 février 2006, par Admin

Privatisation GDF
Le gouvernement français annonce la fusion des groupes Gaz de France et Suez.

Commentaires

  • GDF-Suez petits arrangements avec la vérité

    Énergie . Les arguments du gouvernement en faveur de la fusion de Gaz de France avec Suez ne résistent pas à l’examen des faits.

    1. Le ministre de l’Économie et des Finances, Thierry Breton, affirme que la fusion entre Gaz de France et Suez se ferait par « fusion-absorption » de Gaz de France sur Suez.

    Le ministre tente de faire croire que dans la nouvelle entité qui naîtra de la fusion entre les deux groupes, Gaz de France sera prédominant. C’est faux : le poids financier de Suez, avec 41,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2005, est quasiment le double de celui de GDF (22,4 milliards d’euros en 2005). Au bout du compte, par le simple jeu des échanges d’actions, l’État, qui contrôle aujourd’hui 80,2 % du gazier français, ne devrait détenir que 34 % du capital du nouveau groupe. Le gouvernement qui privatise GDF use de ce discours sur la « fusion-absorption » pour masquer à l’opinion publique le fait qu’il offre à un groupe privé un bien national.

    2. Le gouvernement et les conseils d’administration de Gaz de France et de Suez affirment que la fusion préservera l’emploi.

    Venu d’un gouvernement qui jurait solennellement, en août 2004 à l’occasion de l’examen de la loi sur le changement de statut d’EDF et GDF, que la participation de l’État n’avait pas vocation à descendre en dessous de 70 % du capital des deux entreprises publiques, les propos rassurants sur l’emploi relèvent à nouveau du mensonge. Chaque fusion ou acquisition est irrémédiablement suivie d’une « optimisation » des activités de l’entreprise. En clair, les doublons sont supprimés et avec eux les emplois qui y correspondaient. En dix ans, les différentes fusions ou acquisitions dans le secteur de l’énergie ont abouti ainsi à la suppression de 200 000 emplois en Europe.

    Dernièrement, le rachat de la SNET par l’espagnol Endesa s’est déjà soldé par la suppression de 30 % des emplois. Enfin, qu’adviendra-t-il des 60 000 emplois communs à EDF et GDF ?

    3. Le gouvernement affirme que le service public sera préservé.

    Le contrat de service public entre l’État et GDF, signé à l’occasion de l’ouverture du capital de l’entreprise publique et les obligations qui en découlent (péréquation tarifaire, modération tarifaire, accès à l’énergie des plus démunis) sont renégociables en 2007. Leur pérennité est donc loin d’être garantie. Enfin l’État qui devait déjà composer avec les intérêts des
    actionnaires privés de GDF, sera minoritaire dans la nouvelle entité issue de la fusion (34 % du capital). On sait ce qu’il est advenu du service public dans les entreprises, comme France Télécom, où la participation de l’État est descendue en dessous de 50 %. Au bout du compte, l’essentiel des décisions stratégiques liées à la gestion du groupe issu de la fusion seront prises par l’actionnaire privé. La « minorité de blocage » de l’État vantée par Thierry Breton ne vaudra que pour quelques décisions

    précises (acquisitions ou

    cessions).

    4. Tarif du gaz, l’étrange silence du gouvernement.

    Selon la FNME CGT, au cours des neuf premiers mois de l’année 2005, les tarifs du gaz aux particuliers ont augmenté de 30 %. Une hausse qui, selon le syndicat, n’est pas la conséquence de celle des coûts d’approvisionnement mais de la nécessité d’assurer un haut niveau de rentabilité aux actionnaires privés. À l’automne 2005, confronté à l’impopularité des hausses successives des tarifs du gaz et à la mobilisation de la FNME CGT, des associations de locataires et de chômeurs contre les coupures d’énergie, le gouvernement avait modéré les prétentions de GDF en matière de nouvelles augmentations. À l’avenir, sa participation minoritaire lui rendra plus difficiles ce genre d’intervention.

    5. Le gouvernement affirme que la fusion entre GDF et Suez permettra de répondre aux enjeux énergétiques.

    En privatisant Gaz de France, le gouvernement perd toute maîtrise de la filière gazière. Hors le récent conflit gazier entre l’Ukraine et la Russie démontre comment la sécurité d’approvisionnement de l’Europe de l’Ouest est fragile. Les tensions nouvelles autour du gaz provoquées par le surenchérissement du prix du pétrole invitent au contraire de ce que fait le gouvernement à l’accroissement de la maîtrise publique du secteur. Deuxièmement, en fusionnant GDF avec Suez, propriétaire de l’électricien belge Électrabel, le gouvernement fait le choix d’une mise en concurrence direct avec EDF. L’électricien français, pour faire face à l’émergence de ce nouveau rival, pourrait être tenté à l’avenir d’acquérir ou de fusionner avec un gazier. Hors ces stratégies de fusions ou d’acquisitions sont extrêmement coûteuses et improductives « 188 milliards d’euros ont été dilapidés de la sorte en Europe ces dernières années sans qu’un seul centime aille à l’investissement dans de nouvelles capacités de production », a rappelé hier dans nos colonnes le porte-parole de la FNME CGT, Maurice Marion.

    Pierre-Henri Lab