"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

La revanche des Greks

Publié le 17 juin 2018 à 20:54

Quelle aventure, mais quelle aventure !

Lorsque ma cousine Annaïg Guillamet (petite-fille de Marie Chimène) a entrepris de demander, au mois de décembre dernier, la numérisation des enregistrements faits par Elmar Ternès en 67/68 et conservés depuis les années 80 à l’écomusée, jamais nous n’aurions imaginé un parcours aussi épique.

Déjà, après des mois d’attente, Naïg doit se rendre à l’évidence :
elle n’obtiendra rien. Elle prend donc la décision de confier à
l’association Dastum (chargée de numériser en Bretagne les fonds sonores et photos) des copies de ces cassettes avec la crainte, tout de même, que la qualité ne soit pas au rendez-vous. Crainte heureusement infondée. Et Dastum, qui attend ce moment depuis des années, numérise début juin ce trésor groisillon. Autour de Naïg, Jo Le Port, José Calloch, Jacques (le mari de Naïg), Guéna et moi formons une petite équipe passionnée, rêvant de contacter Elmar Ternès.

Et, un matin, voilà que le ciel nous tombe sur la tête : la commune nous
informe qu’Elmar Ternès souhaite revoir Groix. Ce sera mi-juin et il sera
accompagné de son épouse et du journaliste et écrivain Fanch Broudic.
Pour nous la coïncidence est extraordinaire et inespérée ! Naïg et
Jacques les contactent rapidement. Ils informent aussi Loeiz Le Bras et
Christian Rivoalen (de Dastum), Geneviève et Alain Le Buhé, locuteurs
vannetais. Tous décident de venir sur Groix.

Côté groisillon on ne chôme pas non plus : Jo et José potassent leur
grammaire structurale (José passe en boucle dans sa voiture les
enregistrements de Marie Chimène, ça le change un peu de Deep Purple),
Gilbert Nexer se prépare à filmer l’évènement, Aymé Calloch
enregistrera. Guéna et moi hébergerons une partie des invités. Le maire
et son 1er adjoint, au départ un peu dépassés par notre enthousiasme,
suivent allègrement le mouvement.

Au jour J (mercredi 13), notre troupe de passionnés est à port Tudy
(Marie Stéphant et moi avons mis pour l’occasion le costume traditionnel)
pour accueillir les invités. Le soir, lors du repas organisé à la
maison, Elmar Ternès remet avec beaucoup d’émotion à Naïg un costume
groisillon et quelques photos. Ce costume lui a été offert il y a 50 ans
par Marie et Fine Chimène pour sa fiancée (devenue madame Ternès).
Après tant d’années, la camisole de velours, le tablier de tulle brodé,
la coiffe et le béguin retrouvent le chemin de leur île. C’est un très
grand moment d’émotion. Il y aura beaucoup d’échanges entre ces locuteurs vannetais et tout se terminera en musique et en chansons bien sûr.

Le lendemain, réception en mairie puis repas à la salle des fêtes. Nous
faisons passer dans les rues du Bourg, l’enregistrement de Marie Chimène et de son frère Joseph. Il était très touchant de voir , au pied des hauts-parleurs, quelques Groisillonnes et Groisillons écoutant ces voix avec une visible émotion. En fin d’après-midi, nous avions organisé une table ronde sans trop savoir combien de personnes seraient intéressées.
Nous tablions sur 30 à 40. Il y en a eu plus de 70 ! Certains venus de la Grande Terre avec leur précieuse grammaire sous le bras, d’autres avec leur toile de tente (qu’ils iront planter à la Passagère). Ce moment-là fut notre plus grande fierté : Jo et José qui ont tant travaillé sur l’histoire et le breton de Groix, à la même table qu’Elmar Ternès, Fanch Broudic, Loeiz Le Bras et les Le Buhé, tous éminents connaisseurs du breton vannetais. Quelle revanche !

Cette histoire a une morale : cessons de croire que des universitaires
diplômés sont plus à même que nous de conserver notre patrimoine. Et
soyons plus intelligents qu’eux : transmettons au lieu de d’engranger dans des réserves. C’est ainsi que nous maintiendrons vivante notre
culture....................................... Elizabeth Mahé

Commentaires :

  • « Je suis venu apprendre le breton d’ici »
    E. Ternès : Je voulais juste revenir montrer à ma femme les lieux où j’avais vécu et travaillé. Je n’aurais jamais cru déclencher une si belle tempête. Je ne savais pas qu’il y avait tant de gens intéressés. J’ai été vraiment étonné et ému de rencontrer Jo Le Port et José Calloch, qui avaient appris le breton de mon livre

    Ouest-France 18/06/18

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