"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Hommage de Lucien Gourong à "Seph"

Publié le 1er janvier 2015 à 16:47

Comme un P’tit‘Seph qui passe

T’auras pas vu mourir 2014 et naître 2015. Tu n’en aurais sans doute rien eu à foutre. La mort et la vie sont deux moments de l’existence que l’on ne peut vivre soi-même. On est là, c’est tout. Sans trop y être. Toi, t’étais pas comme tout le monde. Les originaux cultivent leur originalité comme d’autres la connerie. Toi, pas du tout. T’étais comme ça. Un point c’est tout. Tu cherchais pas, toi, à l’être, original.
Ta singularité était innée, ancrée en toi comme un pièce de canot breton au vieux corps mort de l’éternité sur lequel tu viens de t’amarrer pour un bon paquet de temps. Avec un tour mort et deux demi-clefs.
Tu ressemblais à tes oncles, Edmond et Roger de Kerohet, que j’ai bien connus et dont j’aimais l’aimable compagnie, la conversation brillante, les silences meublés, les appétits de savoir et la soif de connaître.
J’ai adoré, P’tit Seph – certains t’appelaient Jo, moi ça a toujours été P’tit Seph- les moments passés ensemble. Tu te souviens du Foyer des Jeunes de Groix abrité dans l’ancienne glacière. C’était il y a déjà plus de 40 ans. Notre aventure à Pontivy où nous avions monté la première exposition sur notre île natale. Notre retour le dimanche soir et notre halte chez Tutur à Landévant qui tenait le fameux restaurant Le Pélican. On avait mangé. Ri. Bu. Chanté. Déconné. T’allumais ta bouffarde à tout bout de champ. Ou de chant. Je ne sais plus.
Je t’ai toujours connu la pipe à la lippe. T’avais déjà la barbe et le cheveu longs mais pas les idées courtes pour autant. Toujours le bon mot. Pas un plus haut que l’autre. Juste ce qu’il faut.
Tous ceux et celles qui t’ont connu depuis le havre kroétiste de ton enfance, en passant par Paris où t’avais traîné tes guêtres et ton couteau de cuisine, à bord de ton canot, à la colo d’Arcueil, savent parfaitement que ton insigne nature, qui avait horreur du vide, n’a jamais relevé de ce jeu de rôle qu’aiment à exsuder les excentriques de service. Toi, tu étais la petite herbe sauvage et folle au milieu du parterre des bien-pensants et des infatués, étrangement détonnant dans l’ordonnancement des jardins des sots et des outrecuidants qui, comme le chantait, Brassens n’aiment pas que… l’on prenne une autre route qu’eux.
Toi, l’artiste, t’étais sur la bonne route. Elle vient de bifurquer. Elle a pris un autre cap. Tu t’éloignes. Je regarde le sillage que tu laisses derrière toi. Il ne cessera plus de grandir. Mais ce n’est pas demain qu’il éteindra au fond de mon cœur le souvenir de tes yeux malicieux et de ton sourire rieur.
Bon vent, P’tit ‘Seph. Et qu’il soit de galerne ou de suroît, qu’importe, le port qui t’attend ne peut être que le bon puisque le vent qui t’y pousse ne sera plus jamais contraire.

Portfolio :

Commentaires :

  • Je n’ai pas eu le temps , ni la chance de connaÎtre " Seph " , mais quel bel hommage !

    Merci Mr Gourong !

  • Pour moi c’était Zef.
    L’anti-conformiste le plus plaisant à cotoyer, le danseur de rock, le baba cool aux chemises indiennes et aux pantalons moulants, le marin sculpteur de poiriers quand il a quitté les plaisirs de la mer pour ceux de son jardin, de sa femme, de ses enfants, de ses poules, et qu’il a décliné toute sa créativité dans ce qui l’entourait et qu’il aimait. Tous les supports étaient bons pour recevoir ses "inventivités" car, je pense, il aimait les gens et vivait la vie au rythme qu’elle lui proposait.
    Comme à tous ici, il va me manquer énormément.
    Toutes mes pensées vont vers Evelyne magnifique tout au long de l’année de sa maladie et vers ses enfants toujours là en dépit des distances à parcourir.

  • A Jo de Kerhoet

    "Meurent les biens, meurent les parents,
    Et toi, tu mourras de même ;
    Mais la réputation jamais ne meurt,
    Celle que bonne l’on s’est acquise.

    Meurent les biens, meurent les parents,
    Et toi, tu mourras de même,
    Mais je sais une chose qui jamais ne meurt :
    Le jugement porté sur chaque mort."

    (Hà vamà l, strophes 76-77, « les Vikings, Régis Boyer, Perrin - 2002)

  • Merci "LULU" comme t’appelle la famille.Quoi dire de plus que Zef est devenu mon beau-frère il y a dix ans ? Que de très bons moments vécus ensemble.Les virées en mer et sur terre, les soirées interminables avec sa soeur à refaire le monde devant notre verre toujours plein et que dire de Zef ? Que c’était un être agréablement surprenant. Je ne veux pas m’éterniser à tout dire de Zef, du moins de ce que j’ai appris de lui en dix ans. Gardons de lui tous les bons souvenirs que nous avons chacun et le bruit de sa "trottinette" comme dit Yvonne, arrivant toujours chez elle à une heure intelligente comme on dit.
    Bon vent Zef.

  • Salut Jo
    Toutes mes pensées à Evelyne et ses enfants.
    Jean-Claude

  • merci lulu pour ce bel hommage ,le copain zef le méritait : comme on dit ici,c’était " un brave homme et un homme bien". bon vent ZEF .

  • voilà t’es parti vers d’autres navigations et d’autres pêches, salut Zef. tu as pris tes ballerines au moins et ta pipe.
    Merci pour cet hommage.

  • Salut Zef, mon ami de jeunesse, de cheveux hirsutes, de voix rauques’n’roll, de barbe sauvage et de tabac meurtrier, salut mon poteau, à bientôt.

    Voir en ligne : P’tit Zef

  • Pour moi, c’était Zef, que je salue ici...

    Un tas de palettes, un grand coup de génie, de fantaisie, et de marteau, et voilà le résultat.
    J’ai adoré travailler avec lui, dans la joie, dans la bonne humeur, dans un esprit de partage. Pas de maitre, pas de contrainte, que de l’envie et du goût à pagaille. Et pour les finitions, la touche finale de l’aimée Evelyne, artiste de la couture...
    Des pergolades en bambous, des décors de théâtre d’une beauté incroyable à deux francs six sous, des goûters très gourmands à Kerhoet, et tout cet amour
    ...Merci pour ces instants de vie inoubliables.

    Quelques photos ici où on voit Zef en action, et son oeuvre.

    Kenavo !
    Caro

  • Seph, tu as rejoint les potes du caillou qui sont partis avant toi. Tu resteras dans notre coeur. Que notre blues que tu aimais bien t’accompagne. Une profonde pensée aussi pour la famille.

    Fana et Bébert

  • Pensées pour Evelyne et ses enfants .

    Bon vent Zef

  • Merci à toutes et à tous pour vos paroles bienveillantes. La chaleur des souvenirs partagés ici nous touche et nous rappelle combien nous avons été chanceux de cheminer aux côtés de cet oiseau rare. Merci encore !

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