Il suffirait de presque rien
Pourtant personne tu le sais bien
Ne repasse par sa jeunesse...

Reggiani le chantait très bien mais il se trompait ; on repasse tous à
un moment ou à un autre par notre jeunesse.

Pour quelques uns d’entre nous, consciemment, parce que des évènements dramatiques font écho à ce qu’on a vécu et ne croyait jamais revivre.
Pour d’autres, plus inconsciemment, parce que le cocon dans lequel ils
ont été protégés leur a laissé une bulle protectrice à travers laquelle
ils sont incapables d’évaluer les souffrances infligées à tout ce qui
évolue au-delà de leur cercle personnel.
Ceux-là continueront à se répéter qu’ils ne peuvent rien à ce qui
dépasse le seuil de leur maison et se contenteront de gérer au plus près
les intérêts de leur famille à PPCD. (se faisant en cela de dignes élèves de Thatcher qui disait : "la société n’existe pas, il n’y a que des individus". Entendu à l’instant chez Mermet.)
D’autres, plus pervers, tenteront, en plus de ne pas essayer de
comprendre, de justifier cet égoïsme en jetant le discrédit sur des
militants obstinés et leurs actions qui, sans doute, stigmatisent leur
belle indifférence.
L’imagination est une belle chose quand elle permet de rêver et s’évader
de temps en temps des contingences, mais quand elle est adossée à un peu de coeur et d’intelligence, elle aide aussi à se situer dans le
maelström du monde.

Photo : F. Py (mi-janvier 2003)