Eloge de la nostalgie joyeuse
Publié le 15 mai 2014 à 11:30 - 1ere mise en ligne le 11 mai 2014ou comment arrêter de pleurer sur un passé qui ne reviendra pas.
Lorsque les 4 enfants de mes grands-parents furent tous en âge de gambader sans aide, ma grand-mère décida qu’il était temps de vendre le landau familial... D’autant que les petits avaient besoin de chaussures neuves.
Mon grand-père fût chargé de cette importante mission. Il se mit donc en route avec le landau. Le hasard voulût qu’il rencontre un autre Grek, lui aussi chargé d’une importante mission : trouver de généreux donateurs pour l’édification d’une statue à la mémoire du barde Jean-Pierre Calloc’h. Mon grand-père ne fit ni une ni deux, il vendit le landau, remit l’argent au quêteur et se prépara à affronter le juste courroux de son épouse.
Jamais ma grand-mère ne pardonna au barde Bleïmor (pourquoi lui, je vous le demande ?) ce qu’elle considérait comme un affront personnel.
Lorsqu’elle eût 90 ans passés, il me sembla qu’il y avait prescription. Je l’emmenai donc en voiture voir la statue entourée de bruyères et d’ajoncs.
" Quand je pense, s’écria ma grand-mère indignée, quand je pense que le landau de tes tantes est parti dans ce... ce... (les mots lui manquaient)... ce suppositoire !"
Le barde Bleïmor en suppositoire, c’était la vexation suprême. J’essayai discrètement de remonter le moral du grand homme en lui chuchotant que, grâce à cette forme aérodynamique, il avait dû monter tout droit au Paradis sans passer par la case Purgatoire. Mais je ne suis pas certaine d’avoir été entendue.
Elizabeth
Commentaires :
11 mai 2014, 20:04
on voit là , Zabeth, de qui tu tiens ton esprit frondeur :-)
Bravo et merci encore
AM
12 mai 2014, 00:53, par LN
Excellent !!!! Un Doux Bonheur de Te lire !!! Je continue de rire !!! Merci !
15 mai 2014, 18:31
’ faut croire qu’à Groix beaucoup de promeneurs ont les intestins fragiles, tout d’même aussi oui... oh quel vedette ce Jean-Pierre Calloc’h ! Dam oui dam !
Mark