"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Ciao Jean-Luc.

Publié le 10 décembre 2013 à 09:10 - 1ere mise en ligne le 1er décembre 2013

Après avoir vu disparaître ton dernier couchage sous les poignées de terre et les fleurs jetées par tes amis, nous nous sommes réchauffés à l’abri du canot, à l’invitation de l’équipe du Fifig. L’évocation du beau film que tu fis en l’honneur de nos sauveteurs était naturelle en ce lieu.

Sur chacun des visages des présents, on pouvait retrouver le moment de la rencontre qui nous reliait à toi. Tu as fait se côtoyer tant d’individus et si différents les uns des autres ! Ce lien là ne disparaîtra pas et les futures retrouvailles avec ceux de tes amis du continent qui resteront fidèles à Groix seront à chaque fois une occasion d’évoquer ton souvenir.

Sur l’île, ta présence en creux restera longtemps vivace. On ne pourra la traverser sans passer devant ce que tu y as créé, les maisons que tu as habitées, les lieux que tu fréquentais. On croisera aussi le dernier carré de tes vrais amis, ceux qui hier t’ont rendu un bel hommage. J’espère que tu n’en as pas perdu une miette ! Je transmettrai plus tard le chaleureux texte du "Vieux", ton ami Jo, puisque quelques présents me l’ont demandé et qu’il faut bien que les absents comprennent comment des rires et des applaudissements ont pu jaillir dans une église qui n’en demandait pas tant !

Pour accompagner ton entrée, la Kleienn a chanté "Audite silete" et ce silence a respecté le déroulement de la cérémonie religieuse.

Puis Eric Régénermel a pris le micro, sans texte, parce qu’a t-il dit, il n’a pu, lui non plus, écrire. La voix parfois cassée, il a rappelé quelle personne tu étais, entière, avec ta rare énergie, tes exigences impérieuses et parfois la confrontation et ta colère mais, a-t-il souligné, cette exigence permanente forçait à débattre, réfléchir et s’améliorer. Il a promis un texte ; nous l’attendons puisqu’avec son talent d’écriture, il saura mieux que personne faire comprendre comment tant de gens se sont attachés à toi.

Dominique a raconté affectueusement comment tu as été un père attentif pour votre fils Kevin mais aussi pour ses enfants que tu as élevés comme les tiens.

Gilbert Nexer t’a carrément demandé ce que tu faisais en ce lieu incongru. Question que se posaient également une bonne partie des présents, qui, quoique mécréants, t’ont accompagné à l’église. Sans texte préparé, il a pu s’appuyer sur l’évangile lu précédemment, en disant que tu as à maintes reprises, grâce à ta générosité proverbiale "donné à manger à ceux qui avaient faim et donné à boire à ceux qui avaient soif" au propre comme au figuré. J’ai pu, dans la soirée, constater la ferveur que te vouent les jeunes à qui tu as mis le pied à l’étrier en leur fournissant du travail. L’un d’eux m’a même dit, "sans Jean-Luc, je me demande bien ce que je serais devenu, ça risquait d’être pas beau !"

Jean-François Pahun* a lu un poème de Loeiz, ton complice de Radio-France, que les Groisillons ont pu entendre dans la radio du Festival, les années où elle a pu fonctionner grâce à l’aide d’amis que tu avais su garder à France Inter.

Jo Le Port avait préparé un texte où à travers les expériences vécues à tes côtés, il donnait à voir comment s’est fortifiée l’amitié qui, vue par des non initiés, paraît être celle de la carpe et du lapin. Dis, mon lapin, tu ne m’en veux pas d’oser l’écrire ?

Enfin, Laurent Morrisson, que tu as si généreusement accompagné comme producteur de son premier disque, a interprété sans faillir le negro-spiritual, "Deep river" .

Après que le long cortège t’ait accompagné vers ta dernière demeure, cela a été impossible à Jaja de finir la merveilleuse chanson de l’ami Balmino qui te va si bien "En radeau, en rêve ou en galère, Groix je reviendrai, tant que tu voudras de moi".

Groix te gardera pour l’éternité.

*http://ile-de-groix.info/article.php3?id_article=10054

Commentaires :

  • Je trouve Anita, que tu as très bien décrit cette journée oh combien difficile.
    Nous allons devoir maintenant "faire avec".
    C’est à dire faire avec cette absence, faire avec ce vide.
    C’est hélas quand les gens ne sont plus là qu’on mesure vraiment le manque et la place qu’ils occupaient.
    Et dans le cas de Jean-Jean et ici sur l’Île, c’est pas rien !
    Tu dis dans ce texte : "tu as fait se côtoyer tant d’individus et si différents les uns les autres." C’était chez lui naturel et sans fioriture.
    Dans ce registre essentiel par les temps qui courent, c’était un virtuose !
    Maintenant va falloir qu’on se serre les coudes et qu’on entoure comme il se doit ses plus proches.
    La vie continue sur l’Île... Mais bon ce sera sans doute un peu différent.
    François Baron

  • Merci a toi, une pensee qui vient de Ouvea...... On aurait aime te revoir encore une fois ...

  • Merci Anita pour ce texte qui nous relie à vous tous , nous qui nous sommes sentis bien seuls ...si loin et si près par l’émotion , des souvenirs et des images plein la tête et ce manque qui va nous étreindre au prochain Festival ...Mais nous nous serrerons les coudes pour continuer dans l’esprit de Jean Luc
    Yvette et Didier ( le Gaulois)

  • A Groix, j’ai eu, a maintes reprises, l’occasion de croiser ce brave homme.
    De parler et d’échanger avec lui en toute simplicité.
    Je n’étais point un intime.
    Et à juste titre, j’ai pu m’interroger sur le personnage !
    Rapidement j’ai vu en lui un homme ouvert, aimable, toujours joyeux et capable de serrer une bonne poigne sincère au premier inconnu venu.
    Il a aimé l’Île que j’aime, c’est un point commun, une symbiose et à travers un humble regard, sans plus d’explications nous nous étions surement compris.

    Bon voyage Monsieur !

    L. Rousselot

  • Merci Anita d’avoir aussi bien retranscrit cet adieu... C’est vrai qu’un moment je me suis demandée ce que je faisais dans cette église... Mais écouter Jo chanter devant le cercueil fut un grand moment d’émotion, et c’est bien la première fois que j’entendais des applaudissements lors d’un enterrerment !
    Je regrette seulement de ne pas avoir assez connu Jean Luc, un peu l’impression d’être ’passée à côté"... dommage...

  • Ce mélange des identités, l’idée que tous autant qu’on est on peut se parler et qu’il n’y a pas d’élite, d’intellos, de vieux, de riches, de pauvres, de mauvais, de plus fort, de personne plus importante ... mais qu’ensemble on puisse débattre sur le monde qui nous entoure et donner du sens a la vie....
    C’est ça que tu as allumé chez moi, tu m’as remise à ma place parfois et ouvert les yeux sur pourquoi on fait les choses (je me rappel avoir eu une conversation sur l’humanitaire très houleuse) en tout cas j’étais contente de t’avoir revu cet été ... merci aussi de m’avoir donner cette chance en 2002 d’avoir fait partie du jury, avec Jo, jean-Yves, Brigitte, Cédric, Patrick...et les autres comme une grande personne !

    Bon voyage à toi Jean-Luc.

    Agnès

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