N’attendez pas que l’indignation vous étrangle.
Publié le 12 juin 2011 à 15:25 - 1ere mise en ligne le 6 juin 2011
Ricardo Montserat :
Ne rentrez pas votre colère, n’attendez pas qu’elle vous empêche de dormir et d’agir, vous éloigne de vos proches, et vous détruise, à force de bibine, de débine, de divorce, d’abandon, de lâchages et de lâchetés, jusqu’à devenir aux yeux de ceux que vous aimez coupable de ce qui vous exclut.
N’attendez pas que la colère s’empare de vos gosses et en fasse des nazillons, des paumés ou des zombies qui s’assomment aux extas pour ne pas exploser.
N’attendez pas que l’indignation se dilue dans des manifestations d’impuissance.
Insurgez-vous. Agents du service public, refusez de couper l’eau et la lumière, de jeter à la rue les démunis, de punir ceux qui souffrent, de jeter de la même façon des aliments propres à la consommation et des hommes et femmes riches d’expérience. Hackers, sabotez les logiciels des usuriers du crédit. Familles et tribus d’amis, de copains, de collègues, de voisins, de citoyens, tendez la main, tendez l’oreille, surmontez la fatigue, le dégoût, donnez trois fois rien, un regard, une minute, un coup de main, un coup de tête, une attention, un sourire, un bonjour, un geste sans rien attendre en retour, et recommencez autant de fois, autant d’années qu’il le faudra. Le bonheur commun est un chêne qui a besoin de temps, d’eau, de lumière, d’illusions et de rêves pour toucher le ciel sans chuter au premier coup de vent. Mêlez-vous de ce qui vous regarde, de ce à quoi vous tenez, (vraiment) votre paix, votre avenir, votre paysage, votre voisinage, et puis mêlez-vous de ce qui ne vous regarde pas, car aucun mur, aucune bulle, aucun compte en banque, aucune loi ne vous protègent du bruit du monde, du malheur du monde, du mal. Car la solidarité, l’amitié, la fraternité, le respect de l’humanité, le courage sont des habitudes et des apprentissages, quand l’égoïsme, l’indifférence, l’irrespect, sont des réactions primaires, instinctives provoquées par l’engrenage peur-humiliation-haine, alimentées par la dictature de l’argent, fondée sur la satisfaction immédiate du désir. Car, tous, riches et pauvres, ont le droit de rêver un monde meilleur. Tous, sans exception.
Partagez votre colère et vos désirs.
Refusez les ordres iniques et donnez des ordres justes. Préférez la loi du cœur à celle de la finance. Insurgez-vous contre les mots, les actes qui portent atteinte au bien commun. Colère pour colère, donnez de nouvelles voies à la vôtre, donnez des fêtes de la parole et de l’imagination qui retissent la joie d’être ensemble. Laissez votre colère bousculer les barrières et occuper un espace qui n’était pas là avant qu’elle n’éclate. Le monde nouveau ne sera pas tant que l’explosion heureuse de votre colère ne l’aura pas soulevé. Soulevez-vous !
Ricardo Montserrat
Co-auteur avec des mineurs marocains, des sans-abri, des cégétistes, des éducateurs, des bénévoles du Secours populaire du Nord-Pas-de-Calais d’une collection de romans populaires.
Groix le 6/6/2011
Commentaires :
6 juin 2011, 18:33
Romans
1992 : La Périlleuse Mémoire, L’Harmattan
1993 : Là -bas, la haine, L’Harmattan
1996 : Aziliz, L’Atalante (épuisé)
1999 : No Name, Le Mercure de France
_ 2009 : Entre la Mort, roman fantastique, e-book, téléchargeable sur Publie-Net
En collaboration
1994 : L’Enfant nomade, bilingue, avec des enfants de St-Brieuc et Chenini-Gabès, L’Harmattan
_ 1997 : Le Livre des livres, conte, avec les habitants de Fontenoy-le-Château, FOL Vosges
_ Zone mortuaire, polar, avec les KELT, chômeurs de Lorient, Série Noire, Gallimard (épuisé)
1998 : Le Mouchoir dans la plaie, polar, ateliers itinérants des Mauges, Siloé
1999 : Pomme d’amour, feuilleton, avec Koch’Lutunn, rmistes ruraux, Ouest-France 98, Ramsay
2000 : Ne crie pas, thriller, avec les Roseback, salariés privés d’emploi, Série Noire, Gallimard
2005 : Les Filles d’Ariane, avec Goutal (dessins) & les BABEL, femmes étrangères, Les Mureaux, L’Å“il d’or
Enfances et fantômes, avec Olivier Masmonteil (peintures) & La Source, enfants et parents, Syros
A Manghjavita (l’Antivie), en collaboration avec des collégiens corses
2006 : No Woman’s Land, puis Nora, le chemin vers la liberté, avec Annexe 26, demandeurs d’asile en Belgique, Le Cerisier.
Prix Raymond Aron-Condorcet pour les Droits de l’Homme.
Une pièce dans l’Anguison, avec 15 Nivernais, TéATr’éPROUVèTe, éd. de l’Abbaye du Jouïr
2007 : Viens jouer avec tes peurs, chronique romanesque avec Pheraille (Le Phun), éd. Entretemps
Cali et les oiseaux, roman d’anticipation, avec Ulysse 35, et des femmes du Voyage, Apogée
2008 : Les treize canards de Jeümes-sous-Vhien, avec le village de Gien-sur-Cure, TéATr’éPROUVèTe, éd. l’Abbaye du Jouïr
RDA, portrait de travers de la rue droite, avec des jeunes CIPPA, et José Cesarini, éd. Una Volta, Bastia
2009 : Misères du Présent, roman, ateliers populaires de Pikine, Saint-Louis-du-Sénégal, Colères du Présent
Le Petit et le Géant, Coma, La 1re Fois, avec l’OFFIPEJ-HARNES, ESAD Amiens-Colères du Présent
2010 : La Belle au bois d’ébène, avec les hôtes de l’hébergement d’urgence Le Phare, Béthune. Feuilleton L’Avenir de l’Artois, éd. Ravet-Anceau
2011 : "Mauvaise mine" avec l’Association des Mineurs Marocains du Nord. Colères du Présent. éd. Ravet-Anceau.
2011 : "Les Mains d’or" avec les hôtes de l’hébergement d’urgence Le Phare, Béthune. Feuilleton L’Avenir de l’Artois.
Essais
Luis Guiu, in Le mal absolu, éditions Amis de Louis Guilloux, St-Brieuc, 1996.
Chemins vicinaux et voires de traverse, Ed. Mission Locale du Layon, 1999
À corps écrits, in revue Autrement, “L’art pour quoi faire ?†, n°195, 1999, rééd. 2001
Le Silence et la peur, in Sans moi, t’es rien, collectif antiraciste, éditions Mango, 2000
Maladie de la jeunesse, in Journal de bord n° 10, Théâtre de la Digue, Toulouse 2001
« L’Homme-livre », in Les Risques du polar, Le français aujourd’hui, n°138, 2002
Être et savoir (préface), photos de Caroline Brou et Yves Gouiffès, éd. Apogée, 2003
Demain en France, dix textes pour la jeunesse, projet de la Ligue de l’Enseignement, 2006
Les paris de l’écriture collective", GFEN, 2008
+ pièces de théâtre, traductions, adaptations, émissions de radio, scénarios
nouvelles et contes, poésies,
AM
6 juin 2011, 22:43, par ln
Tu as tellement raison Ricardo.....
TOUT SAUF L’INDIFFERENCE..........!!!...........LN
10 juin 2011, 13:14, par Plandeau
La colère n’est qu’une arme froide dans l’infinie force des révoltes intimes et collectives
La détermination non-violente est une des forces les plus puissantes en ce-monde
Le non-violent déterminé est plus haut que la plus haute hache qui coupe aveugle coquelicots et prêles
De nos Doigts emmêlés nous sauront aider la pousse étouffée dans la voie des jungles de colères
Sur cette Roche unique au monde, dans les schistes bleus affleurants à nos côtes, nous allons filer la minéralité du temps, de la patience et de la force qui nous caractérise, Nous Îlots d’êtres au fronton de l’injustice, nous allons nous tenir bien droit les pieds ancrés, les bras couvant et le regard si clair qu’il sera un appel brillant sous le vent salé saluant notre combat.
Tenant haut et clair
Le regard fixe figé
Devant les piliers forts
Mais brisés
Elle posait assise et droite
Face et vibrante
Devant la marée
Le sein sous l’arme légère
Ne pensait plus aux lames
Des vagues glacées
Les lumières pendues sur les flots
Venaient prendre leur lot
Le sein bondi, puis se reposa
Bien à plat
Sur la désolation du monde