http://blog.surfrider.eu/2010/12/27/dragage/

.../... Il y a quelques années, plusieurs associations de lutte contre les pollutions dont Surfrider sont parties en guerre contre l’immersion en mer de boues issues des dragages*. Celles ci détiennent une grande responsabilité dans la contamination croissante des zones côtières et fluviales. Les premières observations de ces pollutions diffuses datent des années 60 !
Comprendre que des dizaines de millions de tonnes de déchets issus de ces dragages sont déversées en mer depuis des années ne peut que nourrir nos inquiétudes et celles de nombreuses associations citoyennes qui luttent chaque année contre ces rejets. Pour la seule année 2008, ce sont 4 200 tonnes* de métaux lourds qui ont été immergées. Conséquence : de nombreux indicateurs de dangerosité sont passés au rouge, comme à la Réunion où les teneurs en nickel dépassaient largement les normes en vigueur.
600 kilos de PCB déversés en 2008

Les chiffres sont parlant. En France en 2007, une tonne de PCB mélés à des sédiments dragués ont été remis en suspension et jetés en mer. Pour l’année 2009, 600 kilos* de PCB ont encore été déversés. Une contamination forte des sédiments portuaires a également été observée pour deux éléments chimiques le Tributylétain (TBT) et le cuivre. Le mercure est particulièrement présent au niveau des ports du bassin Rhône-Méditerranée et un cinquième des ports français présentent des dépassements conséquents en PCB. Enfin, une part importante des installations portuaires dépasse largement les seuils pour 16 hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Outre ces pollutions, il est à noter que des pollutions plus classiques, comme les micro et macro déchets, sont également déversées en mer lors de ces opérations d’immersion sans aucun souci de tri préalable.

La Baie de Quiberon noyée sous les vases contaminées

Un autre exemple significatif est la Trinité-sur-Mer, dans la baie de Quiberon. Elus, citoyens et associations s’opposent avec virulence à la poursuite des travaux de dragage du port. L’immersion des vases est réalisée dans une zone privilégiée pour la production de la faune marine. Or des analyses de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont confirmé une contamination des vases au Tributy-étain (TBT, principe actif de l’anti-fouling). Les observations de suivi ont également noté une augmentation notable de la présence d’éléments métalliques (arsenic, chrome, zinc, plomb et cuivre) dans l’eau après le déversement de 65000m3 de sédiments au large de Sarzeau.
La ténacité des opposants a finalement abouti le 27 février 2010 à la ratification d’un arrêté préfectoral demandant des analyses complémentaires des boues de dragage. Trop tard pour les associations de défense, qui ont constaté une accélération du chantier avant la publication de cet arrêté.
L’exemple de la Belgique

Sachant que 91% des volumes de sédiments dragués sont clapés ( immergés) en mer nous appelons donc à faire cesser ces pratiques à risque à l’image de la Belgique qui a interdit dès 1990 les immersions (clapages) en mer des boues issues des dragages et à multiplier les filières de valorisation sur le territoire français.

* Le dragage est une opération qui consiste à prélever des matériaux du fond de la mer pour entretenir les chenaux ou les bassins afin de faciliter l’accès aux installations. L’impact des activités de dragage sur les écosystèmes littoraux peut se traduire par des modifications physiques, chimiques, ou biologiques, résultat d’effets toxiques directs sur les organismes vivants. (Source Ifremer)

* Sources : Ifremer, Cetmes & Sémaphore
Aude Briaux