"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Le Cercle de l’Harmonie de retour

Publié le 10 août 2010 à 11:00 - 1ere mise en ligne le 4 août 2010

Raffinements musicaux sur l’île de Groix

Né spontanément de l’enthousiasme de quelques musiciens de qualité, un ensemble de soirées musicales enchante les nuits de l’île bretonne.

Alors que son compère, le chef Jérémie Rhorer, dirige l’Orchestre du Mozarteum au Festival de Salzbourg, Julien Chauvin, premier violon et co-fondateur avec lui du Cercle de l’Harmonie, cette formation dédiée au répertoire mozartien et pré-romantique qui désormais sillonne toute l’Europe, Julien Chauvin, lui, se replie en août sur l’île de Groix, au large de la Bretagne. Mais dans son sillage et celui de sa compagne, la violoniste Marie Legendre, il a entraîné une vingtaine de musiciens, presque tous membres du Cercle de l’Harmonie, sauf les quatre du Sit Fast Consort et les trois qui forment le Trio Les Tromanos. Ainsi qu’un sociétaire de la Comédie française, Eric Ruf. A leurs côtés, leurs deux familles venues les soutenir et assurer une partie de l’intendance.

Tous sont établis quelque temps à Groix pour le plaisir de se retrouver et de jouer ensemble dans des conditions particulièrement harmonieuses et parfaitement bohêmes.

« Une autre façon de faire de la musique ensemble »

Après une première édition l’an dernier de ce qui deviendra peut-être un jour un festival renommé, nos musiciens multiplient cette année les concerts dans les chapelles de l’île et dans l’église du Bourg, récemment restaurée avec beaucoup de goût. Sous un chapiteau également, voire une salle des fêtes. En « participation libre », c’est-à- dire sans que les auditeurs n’aient à acheter de billets, tout en étant invités, s’ils le veulent bien, à verser leur obole en fin de concert afin de couvrir les frais inhérents au transport des personnes comme des instruments, alors que les artistes, eux, ont renoncé à tout cachet. « Pour nous tous, courant sans cesse de pays en pays, vivant entre trains et avions, se retrouver ici, à l’abri de tout stress, dans un climat de villégiature, loin des publics prédestinés des capitales, loin des grandes salles de concerts européennes, cela a quelque chose de neuf et d’apaisant, d’extrêmement convivial aussi, avance Julien Chauvin. C’est une autre façon de travailler ensemble, de faire connaître et aimer la musique que nous aimons là où elle ne vient jamais, de toucher d’autres publics. Quant à la gratuité, elle s’est imposée à nous comme une nécessité. Payer les musiciens, faire payer les entrées aux concerts, demanderait une lourde organisation, des contraintes dont nous ne voulons pas nous encombrer ».

Une joyeuse entreprise

Pour mener à bien cette entreprise aussi joyeuse que téméraire, pleine de fraîcheur et d’idéal, mais conduite par des musiciens du meilleur niveau, également membres d’autres formations européennes de premier plan (Ensemble Intercontemporain, Orchestres de l’Opéra de Paris, des Arts Florissants, des Musiciens du Louvre, des Talens Lyriques ou du Freiburger Barockorcheter), il a fallu séduire une forte personnalité, le doyen de l’Ile de Groix, un ecclésiastique à la Bernanos qui règne sur les lieux de culte. Mais aussi s’assurer de la bienveillance d’un « très sympathique » premier adjoint du maire de Groix.

Sans aide publique

Aucune aide publique. Les musiciens se sont lancés dans l’aventure sans tendre de sébile. « Dans le circuit professionnel, reprend Julien Chauvin, jamais bien entendu, on ne jouerait sans être rémunéré. Le faire ainsi, sans qu’il soit question d’argent, met en avant la simple passion de la musique, la notion de plaisir partagé. Cela modifie sensiblement nos rapports entre nous et face au public. Et a entraîné des dévouements remarquables, des soutiens inattendus ». Telle personne offre sa jolie maison blanche aux volets bleu d’outremer, face à l’église de Groix, afin que les musiciens viennent y répéter. D’autres logent gracieusement les artistes, comme cette dame inconnue d’eux qui leur a offert spontanément sa résidence alors qu’elle est retenue sur le continent par ses devoirs de traductrice à l’ONU.

Ni complaisance, ni facilité

Aussi divers qu’ils soient, les programmes ne sont pas tissés de complaisance ou de facilité.

Deux premiers concerts dans la chapelle de Quelhuit, donnés par le Sit Fast Consort, affichaient un programme d’une austérité redoutable (Bach, Purcell, Marin Marais, Sainte Colombe) où seules des pages de Marc Antoine Charpentier et de Locke offraient quelque fantaisie. Malgré cela, la qualité d’écoute d’un public qui avait rempli la chapelle était extraordinaire et sans faille. Une écoute sans doute due à la ferveur, à la proximité avec les exécutants d’abord éclairés par le soleil couchant pénétrant à flot dans l’édifice. Ou à la présence d’un drôle de petit chien blanc venu du hameau voisin, visiblement enchanté de voir tant de monde, et sillonnant les travées avec une gravité de bedeau, comme pour veiller à la bonne marche du concert et à la tenue des auditeurs.

Brunetti contre Boccherini

Un autre concert, infiniment plus séduisant, se sera déroulé dans l’église du bourg sous le thème du quintette, avec le secours d’un piano forte du temps de la Monarchie de Juillet, prêté par le facteur de clavecin Olivier Fadini et amené à grands frais de Paris. On y aura exécuté des pièces d’Eybler, ce disciple de Mozart que Constance Weber chargea d’achever le « Requiem », de Pleyel, de Schubert, de Dvorak. Et découvert aussi un quintette de Brunetti, un Italien établi à Madrid sous le règne de Charles III, mais au service de son fils, le prince des Asturies, le futur Charles IV. Un Brunetti rival de Boccherini à la Cour des Bourbons d’Espagne, le premier étant soutenu par les ducs d’Albe, le second par les ducs d’Osuna, et dont le délicieux quintette était tout vibrant de chaleur et d’hispanité.

Des soirées musicales bientôt indispensables

A en juger par l’accueil chaleureux des centaines d’auditeurs venus pour ces concerts, ces soirées musicales qui ont vu le jour à Groix vont vite y devenir indispensables. Elles permettent de découvrir plaisamment le (mince) patrimoine architectural de l’île, et agrémentent par leur qualité la vie des nombreux estivants qui forment les gros bataillons du public, mais aussi celle des îliens qui ne sont pas les derniers à venir découvrir des répertoires jamais interprétés sur leurs sauvages récifs. Ce festival dernier-né s’achève le 11 août sur le thème du Salon Romantique avec des valses, des nocturnes, des mazurkas de Chopin, des « Bünte Blâtter » et le Quintette avec piano de Schumann, mais encore deux « Soirées d’été » de Félicien David. Chopin, Schumann et David étant réunis là pour être tous trois nés en 1810.

Le 10, le comédien Eric Ruf dit des textes de Thomas Eliot, de Paul Celan et de Rabindranath Tagore, accompagné au violon par Tami Troman jouant la Partita en ré mineur de Bach. Des textes choisis en référence à la thèse de la musicologue Helga Thoene, « Danse ou tombeau », selon laquelle la Partita serait édifiée sur le nom de Maria Barbara Bach, l’épouse défunte du cantor de Leipzig.

A la suite, lors d’un second concert nocturne, les Tromano (violon, accordéon et contrebasse) joueront des musiques à danser, valses ou tangos, mais aussi des extraits de musique de ballet de Prokofiev ou de Chostakovitch. Un programme festif.

Raphaël de Gubernatis
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/culture/ 10/08/10

Des amis, de la musique, du partage,
et l’entrée libre pour tous !

4 concerts (classique)

+1 concert chanson accordéon

du 7 au 11/8

à Quelhuit, au Gripp et au bourg

Les solistes, surpris et heureux de la réussite de leurs concerts de l’an passé, renouvellent l’expérience.
(aucun lien avec "Musique à Groix").

Concerts des Solistes du Cercle de l’Harmonie

Samedi 7 août 20h30 - Chapelle de Quelhuit
Concert de violes de gambe
Purcell, Bach, Locke

22h Concert aux bougies
Marin Marais - Sainte Colombe
Sit Fast Consort

Lundi 9 août 20h30 - Eglise du Bourg
"Le quintette dans tous ses états"
Quintette à 2 altos de Mozart
Quintette avec basson de Brunetti
Quintette avec pianoforte de Boccherini (dédié à la nation Française)
Quintette à 2 violoncelles de Boccherini
Quintette « la Truite » de Schubert
Quintette d’Eybler pour viole d’amour et cordes
Quintette à 2 altos de Pleyel
Quintette avec contrebasse de Dvorak

Mardi 10 août 20h30 - Chapiteau du Gripp
Concert lecture « L’évanouie »
J.S. Bach, Partita pour violon seul en ré mineur / Textes de T.S. Eliot, P. Celan, R. Tagore
Tami Troman violon
Eric Ruf, sociétaire de la Comédie Française, récitant

22h Les Tromano : "Danser !"
Piazzolla, Piaf, Klezmer, Trad.

Yorrick Troman, violon
Daniel Troman, Accordéon
Yann Dubost, contrebasse

Mercredi 11 août
19h Salle des Fêtes
"Du pianoforte au pianino Pleyel"
Conférence d’Olivier Fadini sur deux pianoforte originaux de 1834 et 1839

20h30 "Salon romantique"
Chopin
Mazurkas, Valses et préludes pour pianoforte
Schumann
Bunter Blatter, Fantasiestücke, quintette avec piano
Félicien David
Les Saisons

Les musiciens :

Julien Chauvin, Blandine Chemin, Tami Troman violon
Marie Legendre, Cécile Brossard alto
Jérôme Huille, François Girard violoncelle
Thibaud Soulas contrebasse
Javier Zafra basson
Aya Okuyama, Alissa Duryee pianoforte
Atsushi Sakaï, Thomas de Pierrefeu, Joshua Cheatham, Isabelle Saint Yves, viole de gambe

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