Toutes ces reviviscences du pire tablent sur la peur.

Cette peur si particulière, née avec la Grande Guerre, confondue ensuite avec l’attente millénariste de peuples en quête de figures providentielles fanatiquement nationales, cette peur qui revient avec son cortège de catastrophes promises, faut-il l’ignorer, dans notre petit coin français ? Avec des commémorations assez rances pour sortir Pétain de la naphtaline, non sans justifications poussives, piteuses et poussiéreuses ? Avec une itinérance mémorielle qui se voudrait fabrique de symboles dans les pas des poilus ? Avec le degré zéro de la réflexion historique et politique ? Faut-il singer les figures nationales menaçantes qui s’imposent autour de nous, forts de notre petit attirail patriotard ? Faut-il à nouveau verser dans les mêmes ornières, au nom du droit des Français – ainsi traités en irresponsables démocratiques – à disposer d’un roman national ?

A Perraud mediapart 8/11/18