"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

LE BON VIEUX TEMPS (suite)

Publié le 19 septembre 2017 à 10:25

Par JC Le Corre

Histoires de pêcheurs

Ami lecteur
Ces histoires ont été racontées en breton de Groix entre 1966-1967 par des hommes qui étaient nés à la fin du 19em siècle (vers 1885 -1900). Il est question dans ces histoires de la « petite » pêche » pratiquée autour de l’île par des marins retraités.
Ces transcriptions littérales font apparaître des mots spécifiques aux pêcheurs et à leur matériel. Vous trouverez sûrement autour de vous des membres de votre famille ou des amis groisillons qui se feront un plaisir de vous les expliciter.
N’oubliez pas que les évènements relatés se sont passés au début du 20em siècle même s’ils peuvent encore paraître d’actualité à certains !

Les filets

G…avait dit à F … , à mon oncle « C’est ici que vous mettez votre filet, F… » _ Oui, il n’est pas bien ici ? » C’était du côté du Donn « Demain vous ne trouverez pas votre filet. Ici vous ne trouverez pas votre filet ».

Lorsque mon oncle était allé chercher son filet il n’y avait pas de filet du tout ;
« Qu’est-ce que je vous avais dit hier ? Je ne vous avais pas dit hier que vous perdriez votre filet ? »
Tu l’as pris alors ? Qui l’a enlevé puisque la mer est belle ? C’est toi qui l’ a pris ?
Mais non F… ! Je vous avais bien dit qu’il était mal placé !
Et c’était lui qui l’avait enlevé.

On n’avait pas reconnu le filet après ?
Si , il avait échangé le liège et bordé le filet de nouveau pour le transformer. Oncle F… disait aussi - il le reconnaissait - Voici mon filet ! Mais je ne peux rien dire puisqu’il est transformé ; Il est transformé !
Et il disait à mon oncle G… »Où l’as-tu mis ? »
Allez les gars, vous ne me prenez quand même pas pour un voleur ! Nous, entre amis !

Eh oui, c’est bizarre que mon filet soit disparu !

Il ne t’avait pas roulé aussi en prenant une aussière ?
« Ah si, c’était mon orin. C’était un orin teint. Mes enfants me disaient « Nous n’allons pas retirer l’orin ? », Nous n’allons pas chercher l’orin ? »
« Oh leur disais-je, demain »
Le lendemain était venu ; Nous n’allions toujours pas. Et le troisième jour nous nous étions décidés à y aller.

Lorsque nous sommes arrivés dans les marques « Nous sommes dans les marques disais-je nous sommes dans les marques ! Mais il n’y a plus de bouée ! ; Et après j’avais vu l’orin qui amarrait le canot de mon oncle ; _ Et je disais aux enfants « Voici l’orin8 Mon oncle G… l’a .Voici l’orin »
Mais je n’avais pas osé dire mot. Car il n’y avait pas de preuve.

Mais tu le reconnaissais tout de même !. Oui je le reconnaissais ; Il n’avait jamais de filin teint de cachou ; Et le mien était teint de cachou. C’étaient des gens qui étaient prêts à prendre. Et ils n’achetaient jamais rien. Ils étaient encore mieux équipés que toi ; Ah ,oui alors !

Rancune tenace.

Ici à Q… il y a eu des choses - Oh ici alors !
Quand L… (surnom d’homme)pratiquait le métier des éperviers, L…avait des filets ,tu peux comprendre, il avait un tas de filets . Et mon beau-père était avec lui. Et quand les filets étaient rentrés à la côte la première fois ou la deuxième fois je donnais de l’aide moi. Moi j’aidais à les mettre à sécher ; Et L…venait de la vente. Et L…était ivre. Mon beau-père et moi étions en train de mettre les filets à sécher. Moi j’étais petit à l’époque (avant 1900).
Voilà venu L…de la vente. Et voilà de la dispute. Il y avait eu quelque chose. Nous étions enfants. Il y avait eu quelque chose et lui de donner une gifle à mon beau-père, et le voilà lancé dans le ruisseau !
« Sacré petit singe lui avait-t-il dit, tu me dois celle-ci depuis vingt-sept ans !
Lorsque tu m’avais donné un coup de sabot par la tête dans le machin ( ?) de Bordeaux ! Tu me dois celle-là depuis vingt-sept ans ! »
Et mon beau-père disait « Eh bien maintenant nous sommes quittes . Maintenant la question est réglée ! »

Et à partir de ce moment-là, les voilà redevenus amis. Mon beau-père était débarqué. Mon beau père avait dit « Assez comme ça je vais débarquer »
Et ils étaient deux beaux-frères.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Les traductions du breton sont extraites du livre « Grammaire structurale du breton de l’île de Groix » (dialecte occidental)
Livre écrit par Elmar Ternes et publié par l’Université d’Heidelberg en 1970 .

Illustration : une page extraite des « Cahiers groisillons n°2 » du printemps 1981, revue de l’association « Groix ,vie et tradition » malheureusement disparue de nos jours.
(Texte et dessins de Pascal Savouret)

JC Le Corre Août 2017

Commentaires :

  • Quel plaisir à lire... Gentil, malin et rancunier, en plus d’une grande tolérance ou sagesse. J’ai la chance d’avoir à Groix, des copains comme ça.

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