S’il est un sujet qui tient au coeur de tous les Groisillons, c’est bien
celui-là. Quelle est la famille où la « grègue » ne fait pas au moins
une apparition par jour sur la table ? Quelle est la cérémonie familiale
ou autre qui se déroule sans un peu de « bidrouille » ou bien d’un « 
banik deor du » ?

D’après une statistique de 1913, l’île de Groix avait en France, le
triste privilège de détenir le record de la consommation du café avec 44
000 kgs par an. On reste confondu devant l’énormité de ce chiffre. On
comprendrait l’engouement de notre pays pour le café, si celui-ci avait
une grande valeur alimentaire. Or, il n’en est pas ainsi.

Voyons plutôt :

Le café doit son action à un principe actif qu’in appelle la caféine.
Voici ce que nous en dit l’expérimentation physiologique. La caféine est
un excitant du système nerveux et du système musculaire. Elle a une
action tonique sur le coeur et peut rendre service comme diurétique. De
plus, elle aide à consommer les aliments mis en réserve dans l’organisme.

Dès lors, à la lumière de ces observations, il résulterait que l’on
devrait prendre du café avant de produire un effort, pour stimuler le
système nerveux, et dans certaines maladies où le coeur est faible et
doit être soutenu. C’est ainsi que le café au lait, le matin, et une
petite tasse de café, à midi, après le déjeûner, devraient être la
ration qu’il ne faudrait pas dépasser.

Malheureusement, il n’en est point ainsi chez nous. C’est 3, 4, 5 fois
que l’on prend du café, par jour. Dans certaines maisons, la cafetière
est en permanence sur la table. Et c’est à ce déplorable abus qu’il faut
attribuer, à n’en pas douter, la déchéance de la race groisillonne.
Le café ne nourrit pas. C’est tout le contraire, parce qu’il nous aide à
dépenser les réserves de l’organisme. Donc il épuise celui-ci en le
forçant bientôt à vivre de sa propre substance. Si le café à faible
dose, est un excitant du système nerveux ; à haute dose, il le détraque
absolument. Les dyspepsies, les névroses, les troubles sans origine
nette des différentes fonctions, les angoisses, palpitations... tous ces
malaises ou affections ont une origine commune : le café.

Pour me résumer, le café à faible dose, est un stimulant précieux de
l’organisme et un tonique du coeur.

Pris d’une façon immodérée, le café trouble toutes les fonctions. Il se
produit lentement, mais sûrement, une intoxication cafeinique analogue à l’intoxication morphinique, alcoolique, etc... On devient caféinomane,
au même titre qu’on devient éthéromane, opiomane, etc... L’intoxication
caféinique se caractérise surtout, par des palpitations cardiaques, des
troubles nerveux, voire même mentaux, un amaigrissement progressif.
Mais le plus grave danger réside dans les tares héréditaires que broduit
l’intoxication par le café, tares qui se manifestent par la scrofule, le
névrosisme, l’anémie, etc... Les enfants sont chétifs, malingres,
soufreteux. C’est la déchéance de la race.

La Croix de l’Ile de Groix 17/09/22