"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Récolte du goémon

Publié le 2 juillet 2015 à 12:02

in "La Vierge de Groa", poème précédé d’une Notice sur l’île de Groix, (Éditeur Ladvocat, 1822)
suivi d’autres poésies, par Alexis Saint-Michel (né à Lorient en 1795, mort vers 1827) - http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31283416q/PUBLIC

" Un des travaux le plus important de l’ile est de ramasser le goémon ; cette herbe, qui croit au fond de la mer, en est détachée dans les temps d’orages par la violence des vagues et rejetée sur les côtes. Souvent après une tempête on le voit flotter sur la surface de l’eau.
Après sa putréfaction, car employé vert il brule sur le terrain sur lequel il est mis, les parties salines qu’il renferme en font un engrais excellent. On le pêche dans toutes les saisons, et particulièrement aux marées de pleine et de nouvelle lune. Les femmes, aidées quelquefois des hommes, s’armant de crocs emmanchés à des perches de douze à quinze pieds, vont le long de la cote, et de préférence dans les criques où les anses que la mer découvre en se retirant, attendre le moment favorable pour faire la provision. Elles s’avancent dans l’eau, souvent jusque sous les aisselles, et harponnent avec leurs crocs les bancs de goémon que le flux amène à terre. Les accidents sont fréquents, car souvent il arrive que le volume du goémon, offrant prise au reflux, entraine le pêcheur qui n’a pas eu le temps de retirer son croc et qui craint de le perdre en l’abandonnant ; ou que si, pour en attendre un autre, on s’est assis sur le banc qu’on vient d’entasser à terre, une vague inattendue s’élance avec rapidité, couvre la grève et enlève goémon et femmes.
La marée venant a monter, on se hâte de mettre en sûreté la récolte. Les femmes se chargent de goémon, et gravissent, pliées sous le faix, des sentiers qui effraieraient l’homme dégagé de tout fardeau. Elles font ainsi jusqu’à dix et douze voyages, les vêtements tout imprégnés de sable et le corps ruisselant d’eau.
Chaque famille dépose son goémon en haut de la cote, dans un endroit particulier. Il y reste en meule jusqu’au moment d’être porté sur le sillon qu’il doit engraisser. On en met à sécher d’une certaine espèce qui est réservée pour le chauffage : ce combustible en brulant exhale une odeur désagréable."

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