"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Combat de la Sirène

Publié le 24 juin 2015 à 10:20

Autre combat naval sous Groix.

Pierre-Julien Gilbert
Combat de la frégate française La Sirene
contre une division anglaise

Le 22 mars 1808, la nuit tombe lorsque les sémaphores signalent deux
frégates françaises, faisant route sur Groix. Les vents sont à l’Ouest
et vu la position de l’ennemi, Glénan et Pouldu, on pense qu’elles
pourront atteindre sans combat les mouillages de Groix ou de Larmor.
A huit heures du soir une vive canonnade est entendue, la division Troude fait sortir des embarcations armées, portant des ancres et des grelins. Puis vers dix heures la brise étant passée au Nord et la canonnade ayant cessé on pense que les frégates ont du se réfugier sous Belle-Ile.
Pourtant, le 23 au matin, elles sont aperçues et reconnues ; la Sirène
(frégate construite en 1797, commandée par Duperré) est échouée sur la plage du fort Lacroix (elle est venue s’abriter sous le feu des batteries
du fort) et l’Italienne est mouillée devant Port Melin à Groix. A bord de
l’Italienne son commandant, le Capitaine de Vaisseau Hugues Mecquet,
aperçoit quatre vaisseaux, deux frégates et des corvettes anglaises, qui
manœuvrent dans les coureaux. Si le vent faible d’Est-nord-est interdit à
l’Italienne d’appareiller, il contrarie également les mouvements de
l’ennemi et permet aux français de se préparer à l’attaque.
Le Capitaine de Frégate Duperré quant à lui ne peut rien faire ; la Sirène est hors d’état de naviguer sans réparations importantes. C’est une proie facile pour les anglais, ils délaissent l’Italienne qui est assez bien protégée par la terre et les batteries de la côte Nord de Groix et se dirigent vers le navire échoué. De Lorient, parviennent des renforts car la garnison de l’île ne compte que 200 hommes en plus des milices garde-côte. 100 artilleurs de marine avec vivres et munitions passent dans l’île et 2 canons de 36 sont établis pour protéger le mouillage de l’Italienne. 50 charpentiers et 2 ingénieurs sont également envoyés pour réparer la Sirène.
La traversée est mouvementée pour les renforts ; il leur faut
louvoyer au milieu des corvettes ennemies. Pendant toute la journée du 23, les défenseurs de l’île vont tenir en respect les assaillants. Le
lendemain, à marée basse, le chantier bat son plein pour aveugler les
voies d’eau de la Sirène, quatre grandes gabares équipées des pompes les plus puissantes du port de Lorient viennent s’amarrer sur la frégate et tentent de l’alléger. Les anglais sont toujours là ; quatre vaisseaux,
une frégate et cinq corvettes sont au mouillage dans la baie du Pouldu,
tandis qu’un vaisseau et deux frégates croisent en permanence dans les
coureaux pour gêner les communications avec le continent. Deux
canonnières françaises vont s’embosser sous le fort du Talut et près de
Larmor pour réduire leur marge de manœuvre. Le vent contrarie toujours le départ de l’Italienne, ce n’est que le 26, à 11h00, qu’elle peut
appareiller car le vent de sud-ouest, tant attendu, a fini par chasser les
anglais et permet de rentrer sans encombre jusqu’à Penmané. La grande marée du 27, laisse la Sirène complètement à sec, charpentiers et calfats peuvent finir d’aveugler toutes les voies d’eau jusqu’à la quille.
A la pleine mer, la frégate du Commandant Duperré est à flot et à deux
heures de l’après-midi elle peut faire route sur Lorient sans que l’ennemi
ose l’en empêcher. Sa voilure est réduite au petit hunier et à la
misaine, le grand mât est dégréé, celui d’artimon est rompu. Une
cinquantaine d’embarcations l’entourent en la remorquant et en la
soutenant. La Sirène entre enfin au port ou elle est amarrée contre des
pontons pour éviter qu’elle ne coule durant la nuit. Ses poudres, ses
vivres sont noyés, elle à plus de six pieds d’eau dans la cale, malgré
les 200 hommes employés aux pompes. Ce qui reste du matériel d’artillerie est immédiatement débarqué, une partie est restée sur les lieux de l’échouage et sera récupéré plus tard. Le navire est dans un état pitoyable et l’on se demande si la réparation ne vaudra pas plus cher que le bâtiment.
Le Préfet Maritime de l’époque doit fournir des
explications à l’Empereur ; pourquoi la division Troude forte de 5
bâtiments de guerre n’était-elle pas sortie au secours de l’Italienne et
de la Sirène ? L’excuse alléguée est non pas la difficulté de franchir
les passes, puisque les vents étaient à l’Est, mais la crainte de faire
accourir des forces plus nombreuses, détachée de l’escadre de blocus de
Brest et d’aboutir à un désastre causé par l’infériorité numérique
des français.

Victimes du combat ensevelies sur l’île (source - Actes de décès de
l’Etat-civil) :
22/03/1808 – Echemann Joseph, lieutenant au 3ème bataillon Colonial,
tué par un boulet sur la frégate la Sirène.
22/03/1808 – Golo Francisco, matelot espagnol de la Sirène, tué par un boulet sur la
frégate.
22/03/1808 – Bicaline, Pierre, matelot de la Sirène, décédé (de ses blessures ?) au Fort-Lacroix.
24/03/1808 –Noblet, François, caporal dans l’artillerie de Marine, tué sur l’île.
Compilateur J.G. (Le Torcheur)

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