"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Des marins groisillons décorés en 1912.

Publié le 25 mars 2015 à 11:42

Ils étaient trois marins de Groix et une médaille.

En cette fin d’année 1908, trois marins groisillons effectuent leur service militaire et sont embarqués sur des navires de guerre en rade de Toulon.

Stéphant Laurent - né le 17 mars 1887 de Emmanuel et Philomène Adam, du village de Port-lay.

Raude Laurent - né le 13 mars 1888 de Jean-Marie et Marie-Anne le Grel du village de Locmaria.

Tonnerre Jean-Marie - né le 28 août 1887 de Jean-Marie et Thérèse Berlic du village de Locmaria.

Les évènements

Le lundi 28 décembre à 5 heures 21 du matin se produit un tremblement de terre (7,1 dans l’échelle de Richter) suivi d’un raz de marée dans le détroit de Messine séparant la Sicile de l’Italie.
La principale ville, Messine, est presque entièrement rasée, 90% de ses bâtiments sont détruits.
Toute la région est touchée par cette catastrophe dont le bilan fait état d’au moins 120.000 morts ou disparus.
A l’annonce de ce cataclysme, la Russie, l’Angleterre et la France décident aussitôt d’envoyer des secours sur place.
Le 29 décembre, le ministre de la marine donne l’ordre d’envoyer dans les eaux de Messine une escadre commandée par l’amiral Le Pord comprenant les cuirassés « Justice » et « Liberté » et trois contre-torpilleurs « Carquois », « Dunois » et « Fanfare ».
Dans ces navires, outre des vivres, sont embarqués trois équipes d’infirmières hospitalières et deux trains de matériel de secours ainsi qu’une somme de trois millions en numéraire.
Ces navires quittèrent Toulon et arrivèrent sur zone entre le 31 décembre et le 2 janvier.
La Justice, la Vérité mouillèrent, à cause de l’encombrement du port de Messine, en face de Pace. La Justice, à une encâblure du Victor Emmanuel sans que des saluts fussent échangés, de peur que les détonations ne fissent écrouler, sur les survivants, des murs déjà fortement ébranlés…
Aussitôt après, le roi d’Italie se rendit à bord de la Justice pour exprimer sa reconnaissance au représentant de la France pour les secours envoyés. L’amiral Le Pord se mit aussitôt à la disposition de l’amiral Mirabello qui, après l’avoir présenté à la reine, lui donna mission de secourir tous les villages de la côte occidentale du détroit entre Messine et le cap Faro, ainsi que la partie sud de la côte occidentale, région dont, par la suite du manque de communications, on ignorait encore la situation et les besoins.

Partout, dit l’amiral dans son rapport, la détresse était terrible : le tremblement de terre avait détruit tous les fours et, tandis que les médecins secouraient les blessés, les matelots durent faire du pain nuit et jour pour nourrir les habitants de quatorze centres.
Les matelots se répartirent dans les villages où ils trouvèrent peu de personnes ensevelies vivantes mais surtout des blessés et des affamés.
Ils dressèrent de grandes tentes où ils installèrent des ambulances et ils établirent des fours de campagne.
Pendant la nuit, les projecteurs électriques (des navires) éclairaient les localités.
Les marins ensevelirent 700 cadavres à Faro-Superiore, après avoir prié les habitants de leur laisser accomplir cette pieuse besogne.
Les affamés furent nourris de pain, de conserves de bœuf et pourvus de farine.
De nombreux blessés furent transportés par les torpilleurs sur les bateaux hôpitaux dans le port de Messine… (« Vingt jours parmi les sinistrés » P. Bouloumié)

Le 6 janvier l’escadre française, qui avait épuisé ses ressources, quitta les lieux de la catastrophe.
Elle avait distribué 75.000 repas, établi 50 grandes tentes, fourni 2.000 couvertures de laine et distribué 20.000 francs comptant.

En 1912 le gouvernement italien créa une médaille commémorative qui fut attribuée à toutes les troupes étrangères ayant participé aux sauvetages lors du tremblement de terre de 1908.
Cette médaille fut donnée à ces trois marins groisillons

JC Le Corre Groix mars 2015

Commentaires :

  • Et après…

    Tonnerre Jean-Marie fut congédié le 17 septembre 1911 après avoir effectué 48 mois de service ( 4 ans ! même à l’époque c’était très rare)
    Il part en mer au cabotage le 27 septembre, 10 jours plus tard !
    Il poursuivit se métier de marin jusqu’en 1933 alternant pêche au thon et chalutage (il avait eu une formation de « chauffeur » pendant son service). Il décéda à Groix le 27 juin 1935 à la suite d’une « longue maladie ».

    Raude Laurent était en service sur le cuirassé « Liberté » quand, le 25 septembre 1911 le navire explosa en rade de Toulon causant 210 morts (dont 143 sur le « Liberté ») ou sur les navires avoisinants. Il avait 24 ans.

    Stéphant Laurent, Breveté fusiller, restera à bord du « Carquois » jusqu’ à sa libération le 19 janvier 1911.
    Il fut rappelé dés le début de la guerre le 27 août 1914 et affecté au 1er régiment de marine mis sur pied à Cherbourg.
    Il trouvera la mort à la bataille de Dixmude le 7 novembre 1914.

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